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Traversée de l'Islande à pied le long du rift volcanique, du 31 aout au 16 septembre 1990

Quelques scans d'originaux en Kodachrome 25 shootés au Leica R4 pendant ce voyage organisé pour Comptoir d'Islande par Philippe Patay, un "enragé d'Islande" comme il se définit lui-même et qui continue de l'être : https://www.voyageislande.com/agence

Texte écrit à mon retour à Paris. Ce voyage aussi bien extérieur qu'intérieur allait bouleverser ma vie.

Voyage cathartique en Islande, septembre, 1990

Il existe quelque part dans l'Atlantique Nord, une île où réalité et fantasmes se confondent, où les champs de lave font penser aux poèmes de P.Valery, un pays où durée et temps séquentiel se réconcilient, où il n'est pas besoin de gratter en soi pour aller à la racine du vrai, où l'urgence génère l'authentique, bref un paradis infernal où isolement ne rime plus avec solitude et où on va tout naturellement au bout de soi-même sans se masturber l'esprit à coup de Dr.Freud.

Et c'est au cours d’un voyage au centre de l'Islande, sur cette terre archaïque, que la question du sens de ma vie a pris une forme très concrète. C'est là que j'ai trouvé “ mon ” chemin alors que, la nuit tombée, je hurlais d'épuisement au milieu de la tempête, ne sachant plus comment retrouver mon chemin pour quitter la caldera D'Askja et rejoindre le groupe où m’attendait le guide. Entre deux accalmies, dans le déchirement des nuages de poussière de ponce, les premières aurores boréales se déployaient en draperies mouvantes : “ poussières ” électromagnétiques sur fond de voûte étoilée et désert de lave noire que le vent sculptait férocement à coup de grandes gerbes de “ poussière ” abrasive.
J'étais là, “ poussière ” potentielle.… Ce qui s'est passé à ce moment là, je ne saurais le dire raisonnablement; tout avait l'acuité de ces moments qui condensent des années, j'ai simplement su que je ne devais pas "baisser les bras" en ressentant dans mes tripes et dans mon âme cette double appartenance de l'homme antenne, relié par les pieds au centre de la terre à l’humanité commune des hommes, et connecté par la tête, tel un point monadique, à son inaccessible étoile !
Et ce qui m'est apparu très clairement à ce moment là, alors que je luttais contre l'asphyxie, c'est que cette question du sens de ma vie était une question qui, n'en finissait pas de se questionner… et qui, en insufflant une dynamique, en servant de levain, si j'acceptais d'une manière inconditionnelle qu'elle me travaille, me mènerait non pas sur le chemin d'une doctrine, " mais sur celui d'une expérience du sens, c'est à dire une expérience du centre qui est aussi cette expérience du sens" comme le décrit si bien Elie Humbert .
Concrètement, j'ai retrouvé ma route après avoir observé pendant un long moment le sens de déploiement des aurores polaires.