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Venise sous acqua alta...

Venise au fil de l’eau…
Eau mémoire dans laquelle s’enfoncent les pieux qui supportent la ville. Eau miroir dans laquelle se reflètent les habitations. Eau exhibitionniste lorsque Venise est inondée pour cause de fortes marées entre l’automne et le printemps. Eau régénératrice…
C’est au cours de mon avant dernier voyage, en décembre 2009, que j’ai pu être témoin de ce phénomène de marées exceptionnelles qu’est Acqua alta : ce moment où la ville inondée perd ses contours habituels pour prendre un visage surréaliste et mouvant. Chaussée de grandes bottes en caoutchouc comme tous les Vénitiens en période d’Acqua alta, brusquement, le fait de sillonner la ville dans 40 cm d’eau en repassant par des lieux précédemment traversés à pieds secs, me permet de ressentir les pulsations de Venise, au rythme du flux et du reflux de l’eau. A partir de là, hypnotisée, en dépit du froid glacial et humide, je suis là, pointant mon objectif vers l’eau pour en saisir les différents états, dans une osmose totale avec sa matière, sa couleur et son odeur, jusqu’à en oublier de protéger mon appareil numérique d’une bruine chargée de neige. Tout est différent, plus intense, sous le ciel gris déversant ses tourbillons de flocons de neige collante qui amortit les sons dans une atmosphère ouatée, et Venise, de l’eau jusqu’aux genoux par endroits, ressemble à un immense navire immobile posé sur l’eau. Les canaux débordent sans bruit, gommant les bords des quais, masquant la vie végétale qui prolifère sous Venise, habituellement visible sur les soubassements et les escaliers recouverts d’algues, qui disparaît comme par enchantement, faisant oublier que la Sérénissime campe sur un monde de décomposition verdâtre.
Lorsque la marée se retire, tout brille sous le soleil, puis sèche. Claquement sec des talons sur les pavés, clapotis de l'eau, symphonies de bruits divers qui s’entrechoquent, la ville se réveille lavée et retrouve ses assises en découvrant ses fondations dans la lagune lorsque l’eau est à l’étiage. C’est comme si rien ne s’était passé, jusqu'à la marée suivante et l'appel des sirènes qui retentit dans un langage codifié pour annoncer le retour de l’Acqua alta, auquel se mêlent les voix tonitruantes des gondoliers qui s'invectivent de barque en barque en arrimant à nouveau solidement leurs embarcations pour affronter la prochaine montée des eaux…

Ces images sont issues d'une exposition à la Médiathèque de Rueil Malmaison en décembre 2011
45 tirages :
30 tirages 40x50, 10 tirages 60x80, 5 panoramiques 44x120 contrecollés 1 texte 40x50